L'héritage du bon roi René d'Anjou

le noble Madelon HUNAULT et le roturier Jacques FOUYN moine bénédictin

 

Accord entre noble Madelon Hunault de la Thibaudière au service de la maison de Lorraine et le moine Jacques Fouyn

Malgré l'absence connue  de lien familial entre Madelon Hunault de la Thibaudière et le moine Jacques Fouyn, prieur d'Argenteuil, chanoine d'Angers et de Notre-Dame de Paris, tous deux sont au service de l'Eglise d'Angers et de son évêque. Ils seront également entre 1572 et 1574 au service d'Elisabeth de Habsburg dite d'Autriche (1554-1592), petite-fille de Charles Quint (1500-1558), empereur du Saint-Empire romain germanique et épouse du roi de France Charles IX.

A leur époque et dans leur secteur d'activité, le Haut-Anjou et la Mayenne angevine, l'influence de la maison de Lorraine était grande depuis René II de Lorraine, né à Angers en 1451, duc de Lorraine et baron de Mayenne, tige de la maison de Lorraine Guise qui allait jouer un rôle de premier plan lors de la guerre de religion qui s'amorce. 

Vers la guerre de religion, exactions puis répressions

A partir de 1555, année de création d’une église protestante à Angers, le Maine, la Mayenne et l’Anjou sont dans un climat de tension persistante entre catholiques et protestants. La crise aboutira le 4 avril 1562 à la prise d’Angers par les Huguenots, malgré les appels au calme du notable protestant  Théodore de Bèze. Des incidents auront lieu également à Craon, Sablé et autres lieux, avec refus de payer les dîmes dues aux religieux. A partir du mois de mai 1562, les autorités reprennent le contrôle de la situation et poursuivent en justice plus de 200 calvinistes à Angers même où une partie de la noblesse a participé aux exactions.

L’ empreinte profonde de la maison de Lorraine sur le Maine.

C’est dans ce climat délétère que Madelon Hunault seigneur de la Thibaudière, qualifié par contrat de  trésorier et receveur général de l’évêque d’Auxerre, le lorrain Philippe de Lenoncourt et futur cardinal (1586) fait donation de la Grange du Milieu à Yerres-le-Chastel (Essonne) en région parisienne le 13 février 1563 par devant Mathurin Le Pelletier notaire à Angers. La bénéficiaire de cette donation est Jeanne Escoreol, fille de Jean II Escoreol (1494-1575) conseiller au Grand Conseil et de Marie Le Breton. Ainsi il est bien clair que Madelon Hunault est au service personnel de la Maison de Lorraine, chargé de la gestion financière des bénéfices apostoliques du prélat et doit lui remettre mensuellement la somme de 2.500 écus d'or (Minutes de Thibaud DUPONT Cotes : MC/ET/CXXII/231 du 28 janvier 1564).

 Guillaume Chevalier, éphémère seigneur de la Grange du Milieu par son épouse.    

La nouvelle usufruitière de la Grange est lors de la donation  veuve du conseiller au Parlement Mathurin Vaillant (1525-1559) qu’elle avait épousée le 8 juillet 1552 Elle se remariera avec le maître à la Chambre des comptes Guillaume Chevalier, de la branche d’Eprunes, le 10 novembre 1561 avec contrat complémentaire du 33 avril 1565 (Y 106 notice 792 F° 7). Le couple était protestant et le mari Guillaume mourut le 7 mai 1568, désignant comme exécuteurs testamentaires son épouse et son beau-frère Jean II Escoreol dit le jeune (Les magistrats du grand conseil au XVIe siècle (1547-1610), par Camille Trani).

La Grange du Milieu restera quelques temps en la main de la famille Escoreol puis par acte insinué au Châtelet de Paris le 7 mars 1573 sous la cote Y//113 mentionne que Madelon Hunault, devenu entretemps secrétaire non gagé de la reine Elisabeth d’Autriche, donnera la Grange du Milieu le 10 Juin 1568 par devant Herbin notaire au Châtelet de Paris et en toute et propriété avec garantie de tout troubles ou hypothèque à Jacques Fouyn. Un troisième acte daté du 13 février 1563 passé à Angers au domicile de Madelon Hunault en présence du notaire Mathurin Le Pelletier mentionne que la cession est faite pour la bonne amitié entre le donateur et le donataire (donc Jacques Fouyn) et que Jacques Palluau [1]   a les pleins pouvoirs dans la réalisation de l’arrêt royal. Fait en présence de François de Viesville et de René Poctevin, cet acte confirme que dès 1563, Jacques Fouyn a des intérets sur la Grange du Milieu et en sera propriétaire en 1568 alors que Jeanne Escoréol n’était que l’usufruitière du bien.

Cette propriété était alors composée de deux arpents avec corps d’hôtel, galerie, chapelle, grange, étable, jardin, le tout ensemble avec haies vives autour et vignes appartenant à la dite ferme. C'était une ferme métairie entourée de bois et taillis, ensemble géré par le chapitre Notre-Dame de Paris et appartenant à diverses abbayes (Yerres, Montmartre, Argenteuil et autres). Juridiquement, c'était un bien ecclésiastique de main-morte et droit canon, attribué à titre de bénéfices à Jacques Fouyn prieur d’Argenteuil qui va le développer, le gérer et le louer à divers notables, notamment le futur général Urbain de Laval de Bois-Dauphin qui achétera la baronnie de Sablé en 1594. Pour l'anecdote, Urbain de Laval était seigneur du fief de Bois-Dauphin à Précigné (Sarthe), village d'origine de Jacques Fouyn où ses parents étaient marchands.Tout se passait dans un cercle familial élargi.  

La grange du Milieu, ses bâtiment et sa chapelle seront l’embryon du futur château du Maréchal de Saxe qui fera de l’ombre au château seigneurial des Budé d’Yerres.

La biographie de Madelon Hunault fera suite, puis Jacques Fouyn et ses querelles de moines

 

[1] Il s’agit apparemment de Jacques Palluau, seigneur de l'Etang, près Saint-Cloud, demeurant rue Saint-Germain l'Auxerrois, à l'enseigne de la Pomme de Pin, cité pour donation à Jean de Palluau, seigneur de Palluau, de Maison-Neuve et de Villeneuve, près Saint-Cloud, de la terre et seigneurie de l'Etang et d'immeubles et droits aux terroirs de Saint-Cloud, Vaucresson, Rueil et environs (Insinuations du Châtelet de Paris, Y//123 fol. 526 V° du 22 juin 1582).   

 

Date de dernière mise à jour : 25/05/2021

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