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D'Angers à Paris

Sous-titré " Itinéraires de deux chanoines angevins, Jacques II Fouyn et Pierre Mariau" 

 

Jacques Fouyn (1535-1602), chanoine cumulateur du diocèse d’Angers.

Jacques II Fouyn, second du nom, naquit vers 1535, de Jean 1er Fouyn et de Vigore Armenay, couple de marchands établi à Précigné du Maine (72). Son grand-père présumé serait Guillaume Fouyn, marchand à Angers et son oncle Jacques 1er Fouyn, déjà cité précédemment, moine bénédictin au prieuré de Solesmes, relevant de l’abbaye de la Couture du Mans (72) et curé de Morannes sur-Sarthe (49) châtellenie résidentielle des évêques d’Angers.

Jacques II, alors prieur d’Argenteuil (95) et de la Bouère (53) avait représenté ses parents décédés lors du mariage à Angers de son frère cadet, Jean II Fouyn, né vers 1540 marié avec Cécile Jourdan, fille de Pierre et de Michelle Chesneau aussi marchands à Angers. Ce mariage daté du 3 novembre 1570, avant été célébré en présence de notables locaux et de marchands angevins, en présence de Claude de la Jaille (1515-1593), fils de Madelon et Françoise Crespin, seigneur d’Avrillé (49), du Châtelet (53) et de Kervilly.

 A noter que Louise de la Jaille, cousine de ce seigneur est l’épouse du poitevin  Jacques II de Marconnay [1] , seigneur de Parnay, demeurant au château de Marconnay, paroisse de Sainte-Radegonde (86). 

Du couple Jean II Fouyn et Cécile Jourdan naîtra René FOUYN, curé de Morannes (Maine-et-Loire) puis 5 ème abbé de Saint-Serge en 1584 et chanoine de Saint-Maurice d'Angers, qui sera le principal héritier de son oncle Jacques II Fouyn.

Deux filles complétaient la postérité des feux Jean Fouyn et Vigore Armenay ;

  1. Jacqmine Fouyn, sœur de Jacques II et Jean II FOUYN, née vers 1542, décédée vers 1633) épouse de l'écuyer Jean Leduc, seigneur de la Douairerie à Chéméré (Mayenne).
  2. Isabelle (Elisabeth) Fouyn, née vers 1539, décédée vers 1604, seconde épouse vers 1550 de Guillaume 1er aîné Du Mont (Dumont). Ils auront six enfants et devenu veuf, Guillaume se serait remarié  vers 1566 avec Catherine alias Marie Malingre [2]  encore non identifiée. De sa première épouse naîtra Catherine Dumont, épouse de l’avocat puis banquier en cour de Rome Constantin Chevallier originaire d’une famille d’artisans de Cheffes-sur-Sarthe, près d’Angers.
  3.  

Sa biographie

Jacques II Fouyn, fit vraisemblablement des études juridiques en l’Université d’Angers puis entra dans les ordres comme moine bénédictin du diocèse d’Angers. Sa première affectation connue fut en Mayenne où il fut prieur de la Bouère (1564-1576) où il succédait à son ami et probablement parent déjà cité Pierre Mariau (1518-1582) hypothèse basée sur le fait que tous deux auraient des attaches familiales à Cheffes-Sur-Sarthe (49).  

Prieur d’Argenteuil, abbé et chanoine de Saint-Serge d’Angers

Puis à partir de 1566 Jacques II Fouyn fut prieur commendaté du prieuré Notre-Dame d’Argenteuil (95) relevant de l’abbaye de Saint-Denis-en-France (93) où il restera pratiquement toute sa carrière, au moins jusqu’aux années 1590. Il faut souligner qu’avec sa relique « la Tunique du Christ », ce prieuré était but de pèlerinages et source de revenus pour l’Eglise. L’un des premiers actes du nouveau prieur fut d’établir en 1567 le procès-verbal de l'incendie provoquée par les Huguenots. Il se consacra à ses fonctions, recueilli des fonds pour réparer son prieuré, notamment en engageant plusieurs procès.

Aliénation de la seigneurie de Merlan à Noisy-le-Sec (93) à l’un de ses parents

Dans le cadre de ses attributions prieurales, Jacques II Fouyn mis en vente en 1577, conformément à la politique d’aliénation des biens religieux, sa seigneurie de Merlan située à Noisy-le-Sec (93). L’acquéreur était son beau-frère Guillaume Dumont (1530-1582), greffier d’Argenteuil depuis 1575, époux en seconde noces vers 1555 d’Isabelle Fouyn, sœur aînée du prieur d’Argenteuil. Désormais, le prieur et le greffier vont former une communauté familiale et d’intérêts, le premier favorisant le second qui  était également marguiller comptable de la paroisse Saint-Merry à Paris. A l'époque, outre Argenteuil dont il était seigneur spirituel et temporel, Jacques Fouyn était représenté, lors de la rédaction de la coutume de Paris du 22 juin 1580, par son procureur le bailly d'Argenteuil Pierre Le Bossu qui confirma que son prieur était également seigneur de Chavenay, Houille, Sartrouville (78) et enfin d'Elancourt (60).

Jacques II Fouyn cumulait sa fonction de prieur d'Argenteuil avec celle d’abbé commendaté et chanoine de Saint-Serge et Saint-Bach d'Angers (49) de 1577 à 1584. Mais en réalité, son successeur était son neveu René. Dès sa prise de fonction d'abbé, Jacques Fouyn avait eut un différend avec un nommé François Martin qui fit saisir le temporel et les revenus abbatiaux [3] . L’abbé s'adressa au duc d'Anjou François, frère du roi Henri III qui lui envoya exemption générale et le nomma en 1582, son aumônier ordinaire et maître des requêtes par arrêt de son Conseil privé. Grâce à ce puissant soutien, Jacques Fouyn fut nommé en 1581 chanoine de Notre-Dame de Paris, poste envié qu’il transmettra à son neveu avant de mourir.

Avec ce cumul de fonction religieuse et ducale, Jacques II Fouyn restera abbé de Saint-Serge jusqu’en 1583 date où il résigna au profit de son neveu René Fouyn, curé de Morannes. Cette résignation fut approuvée en Cour de Rome au mois de décembre 1583 par bulle du pape Grégoire III, mais ne fut pas mise en application car Jacques Fouyn gardera la main sur l'abbaye jusqu'en 1590, comme écrit précédemment.

La municipalité d’Angers contre la multiplication des chanoines hors résidences

Depuis 1584, la municipalité d’Angers soutenue par l’Université locale, ce qui révélait de graves divergences au sein du diocèse, avait engagé une procédure contre les notables religieux en surnombre localement mais non astreints à résidence. Etaient nommément cités « Pierre de Gondi, abbé de Saint-Aubin, Pierre de Mariau (écrit Marleau), sœur Yvonne de Mailly abbesse de Ronceray, Jacques Fouyn abbé de Saint-Serge, tous doyens chanoines du Chapitre d'Angers, avec l'évêque Guillaume Ruzé et Antoine Morin abbé de Saint-Nicolas d’Angers ». 

Ces notables émargeaient au budget municipal et les habitants les surnommaient soit « les cumulards » ou « les moines à 500 écus ». En réalité, il s’agissait d’une marque de défiance à l’égard des religieux ayant peu ou prou une fonction auprès d’une personnalité administrative ou politique et nul n’ignorait localement que Jacques II Fouyn était en relation avec la maison de Lorraine -Guise par l’intermédiaire de Madelon Hunault de la Thibaudière. La requête fut acceptée par le parlement parisien et la municipalité réduite à un maire, 4 échevins et 12 conseillers. (Histoire du monastère Saint-Serge et Saint-Bach d'Angers par Alexandre Fournereau, de la congrégation de Saint-Maur). C’est contraint et forcé que Jacques II Fouyn abandonnera en  1584 l'abbaye de Saint-Serge d’Angers à son neveu René Fouyn déjà cité et fixa définitivement  à Paris où il habitait au port Saint-Landry.

Malgré les contestations le chanoine conserve ses droits et bénéfices du Maine et d’Anjou

Indépendamment de ces fonctions, Jacques II Fouyn était à partir du 14 juin 1572 l’un des 15 prévôts d’Anjou mais résigna cette fonction en 1575 (selon l’abbé Angot, tome 1 et IV). En fin de carrière, il obtint la dignité de Grand prévôt d’Anjou au titre de à Saint-Martin de Tours et revendiqua des droits sur le prieuré de Beaupréau-en-Mauge (49). Ce fut contesté et la 5ème  Chambre des Enquêtes du Parlement de Paris fut saisie mais son droit fut reconnu. Et le 24 avril 1599, trois années avant son décès, Jacques Fouyn résignait en faveur de son neveu René Fouyn, déjà cité et nouveau prieur de Saint-Martin de Beaupréau (Recueil d’arrêts Volume 1 par Julien Brodeau page 469).

Les biens propres et personnels de Jacques II Fouyn

Jacques II Fouyn possédait depuis le 6 août 1577 les droits et terres de la Haute-Epine, paroisse de Saulges par Meslay-du-Maine (Mayenne), par donation du curé de Sartrouville Pierre Hattes, parent de Jean et Jeanne Escoreol, usufruitière de la Grange du Milieu avant lui et veuve déjà citée du protestant  Guillaume Chevalier (Y//112-Y//118 - fol. 397 Notice n° 7523). En outre, le prieur d’Argenteuil était seigneur en partie en 1579 de Sannois (95) où il détenait les fiefs de la Mairie, du Tertre, du Bois des Conches et de Jean Le Maistre. Il recevait alors les aveux et dénombrements de ces fiefs par Denis des Cordes (Descordes) avocat en Parlement, par sa sœur Charlotte des Cordes, beau-frère de Robert Gédouyn commis de Philippe de Castille, notaire secrétaire du roi, receveur général du clergé de France à partir de 1575 et à l’origine de la fortune de cette famille de marchands. Ce Denis des Cordes époux de Marguerite fille de Jacques III Chevalier   en rendit aveux le  6 avril 1579 au prieur d'Argenteuil, renouvelés les 7 juin 1582 et 4 juin 1609, preuves s'il en était besoin que ces biens temporels étaient intégrés dans les bénéfices apostoliques de Jacques II Fouyn et relevant également de l'alliance familiale du couple Etienne Chevalier et Catherine Budé marié en 1444, de la branche d'Eprunes. Faire lien vers Jacques III Chevalier de Montreuil (93) 

Jacques Fouyn aliène en 1581 la plupart de ses biens personnels

Jacques II Fouyn avait été seigneur de la seigneurie haute justicière de Valenton mouvante de l’abbaye bénédictine Saint-Germain-des-Prés, ainsi que de la seigneurie de Limeil-Brévannes avec justice moyenne et basse ainsi que de Bourron (94). Il aliéna ces biens avec possibilité de rachat et de son plein gré le 22 février 1581 en faveur de François Fayolle, l’un des chanoines séculiers du chapitre de la Sainte Chapelle du Palais à Paris contre une rente annuelle de 50 écus soleil.

A la même date, Jacques Fouyn aliéna avec option de rachat sa propriété de la Grange du Milieu à Yerres (91) qu’il avait reçu en toute propriété de Madelon Hunault en 1578 et qui était la pièce maîtresse de son patrimoine. L’acquéreur fut le chevalier Urbain de Laval de Bois-Dauphin, seigneur de Précigné et général du roi. La somme de cette transaction était de 600 écus d’or soleil payée comptant à Jacques Fouyn qui signa l’acte daté du 22 février 1581 (MC/ET/121). Puis vraisemblablement à la demande de l'acquéreur, Jacques II Foing (sic) fit faire d'importants travaux, notamment en plomberie à partir du 10 février 1582 ( ET/VI/123)  

Ce domaine comprenait deux pavillons couverts d'ardoises, une grande chambre d'hôtel, jardin, clos de murs, fossés et pont-levis après avoir obtenu autorisation royale et deux grandes allées.  Par la suite, Jacques Fouyn racheta le domaine pour le mette en location. L’un de ses locataires fut à partir du 19 septembre 1595 le financier Jean de Sigonne, époux de Jeanne Le Mosnier (ET/VI/154).

Les activités de Jacques Fouyn dans les coulisses du pouvoir

C’est dans l’ombre de l’homme d’affaire Madelon Hunault proche de la maison de Lorraine et de Guise, qu’il connait depuis 1568, et qui fut secrétaire de 1572 à 1574 de la reine Elisabeth d’Autriche épouse du roi Charles IX que Jacques Fouyn fut introduit à la cour. Il se fit rapidement une place à partir de 1572 comme membre non gagé de la maison de la reine Elisabeth, surnommée la reine blanche et duchesse de Berry. Son époux Charles IX mourut en 1574 et Fouyn resta vraisemblablement près de la reine jusqu’au décès en 1578 de la princesse Marie Elisabeth âgée de six ans, fille unique du couple royal. Puis la reine repourna en Autriche son pays natal, bénéficiant d'un douaire dont Yerres (91) faisait d'ailleurs partie. 

Distingué à la cour par les poètes proches de Pierre Ronsard.

A la naissance de la princesse en 1572, Jacques II Fouyn avait été nommément cités et distingué par les poètes de la cour, lesquels bénéficiaient du soutien de la reine-mère Catherine de Médicis. En effet, outre l’éloge fait aux parents de la jeune princesse par Pierre de Ronsard, un disciple de ce dernier rédigea en vers et publia à Paris et Lyon un poème intitulé « Hymne sur la naissance de Madame de France, fille du roy très chrétien Charles IX ». Cette œuvre faisait appel aux dieux de l'Olympe pour doter l'enfant de qualités divines et humaines et était dédicacée nommément à  noble homme Jacques Fouyn [4]  , démontrant sans contradiction aucune que ce dernier avait une certaine notoriété à la cour royale.

Puis maître des requêtes de François de France duc d’Anjou et dernier fils de Catherine de Médicis.

Sacré roi après son défunt frère, Henri III (1551-1589), époux de Louise de Vaudémont (1553-1601) de la maison de Lorraine, hérita d’un royaume divisé par les guerres de religion. La reine intervint-elle en faveur de Jacques Fouyn, on l’ignore mais c’est probable. En tout cas Jacques Fouyn, toujours prieur d’Argenteuil fut nommé de 1578 à 1582 maître des requêtes et aumônier ordinaire [5]  du duc d’Anjou François de France. Né en 1555, ce dernier décéda en 1584, à la tête du parti frondeur des Malcontents avec lequel il avait provoqué des troubles à la cour à partir des années 1577 à 1580. Après cette mort, la  fonction de maître des requêtes de Jacques II Fouyn lui sera contestée. Ses contradicteurs estimaient qu'il faisait partie des clercs qui gravitaient autour de l’entourage royal,et se voyaient attribuer par le pouvoir des missions informelles ou officielles. Par contre, sa fonction d’aumônier aupès du duc d’Anjou pendant la même période ne souffrait pas de contestation car il faisait effectivement partie du clergé de cour, institution curiale reconnue comprenant les officiers affectés à la maison ecclésiastique du roi et des princes.

La mort de Jacques II Fouyn

Après la décision du Parlement d’autoriser la municipalité d’Angers à réduire son personnel dirigeant, Jacques II Fouyn se consacre à ses fonctions de chanoine de Notre-Dame de Paris à partir de son domicile du Port Saint-Landry, dans l’ile de la cité. Il employait alors depuis plusieurs années un domestique personnel, Thibault Garnier, auquel il avait fait donation d'une rente de 40 écus d'or soleil et d'une somme de 20 écus soleil [6] .

A la fin de sa vie, Jacques II Fouyn logeait rue du cloitre, dans l’une des maisons du chapitre de Notre-Dame de Paris où il décéda le 8 février 1602. Il ne fut pas inhumé dans la cathédrale comme son ami Pierre Mariau et son corps aurait été transporté à Saint-Christophe du Luat (Mayenne) où une plaque commémorative élevé en 1619 par son neveu René Fouyn (1555-1625) prieur de Saint-Martin de Beaupréau d’Anjou figure dans l’église.

Avant son décès, le défunt Jacques II Fouyn avait pris la précaution de résigner son abbatiat de Saint-Serge d’Angers en faveur d’un allié familial le théologien et chanoine de Paris Pierre Habert dit de Montmort (1577-1636). Fils du trésorier de l'extraordinaire des guerres et conseiller d’Etat Louis 1er Habert (1530-1622) et de Marie de Rubentel (1555-1612), Pierre Habert était petit-fils du procureur Philippe Habert et de Radegonde Hodon nièce de l’illustre humaniste et helléniste Guillaume Budé. Ces grands-parents avaient une nièce, sœur de Pierre Habert nommée Françoise Habert de Montmort (1582-1636) religieuse au prieuré Notre-Dame des Hautes-Bruyères, situé à Saint-Rémy-l ‘Honoré en Yvelines (78) et rattaché au couvent de Fontevraud près d’Angers (49). Le 5 juin 1613, elle donna quittance au receveur du prieuré Jean Millassier (1590-1635) pour réception de la pension viagère reçue de Marguerite Habert veuve d’Olivier Rapouel pour défunte Marguerite Rapouel (ET/CXXII/1579 f° XX).

La boucle était bouclée Jean Milassier étant par alliance de la famille déjà citée de Constantin II Chevallier de la branche de Cheffe-sur-Sarthe et arrière-neveu de Jacques II Fouyn. Après la mort de ce dernier en 1602, la Grange-du-Milieu fut mise en vente par adjudication. L'acquéreur  était Charles Duret de Chevry, président en la chambre des comptes qui fit détruire le vieux château, y compris les aménagement  construit par Jacques II Fouyn dit parfois "Foing d'Argenteuil". Puis le château de la Grange du Milieu fut entièrement reconstruit en 1616-1617 par le maître maçon Jean Thiriot (marchés des 7 août 1616, 16 janvier, 21 avril et 6 septembre 1617 : M.C., CV 205, 207, 208, 209). (voir R. Le Blant, dans 103eme congrès des Sociétés savantes, Nancy-Metz, 1978, p. 99-106). Il est bien connu à Yerres sous le vocable de Château du maréchal de Saxe.

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  1. Ami du précédent, un chanoine cumulateur au service de l’Eglise

Biographie du syndic du clergé de France Pierre Mariau

Pierre Mariau naquit vers 1518 mais on ignore sa filiation. On croit savoir qu’il naquit à Cheffes-sur-Sarthe (49) où se trouvait une famille de ce nom et où il prit sa retraite comme curé et prieur de la localité.  Vraisemblablement d’une famille notable, il était religieux bénédictin dès 1538 et apparaît à ce titre au bourg de Vaudelnay-Rillé (49) le 24 juin 1539 lors d’une contestation avec le curé local Laurent Bricet. Pierre Mariau fait ensuite office de banquier expéditionnaire en cour de Rome à la cour du roi François 1er.  Il résidait alors à Paris, au service de Bénigne Leclerc de Fleurigny [7], alors abbé commendataire de Notre-Dame de Corneville et aumônier du roi (étude de Jean Trouvé MC/ET/XIX/163 du 27 mars 1543). Puis il assumera l’expédition en cour de Rome des bulles de commende ad vitam (sic) de l’abbaye de Serenom au diocèse d’Aix (d’Aulx) (MC/ET/XIX/168 du 29 janvier 1546). Il percevra à ce titre 210 Livres versés par les bénéficiaires Hugues Sallel abbé commendataire de Saint-Chéron-les-Chartres (Eure-et-Loire) et son collège Déodet Saret, de l’abbaye de La Nouvelle à Cahors (Lot).

Perrine chevallier 1Pierre Mariau semble avoir conservé des relations dans le milieu bancaire car en 1575 il parraine en l’église Saint-Maurille d’Angers Perrine, fille du banquier Jacques Chevallier (1545-1612) lui-même gendre de l’avocat et banquier Simon 1er Davy, seigneur de la Noé, de L'Ecotière et de Saint-Morille. Bien entendu, la jeune enfant épousera un autre banquier François Davy, apparenté à son beau-père. Ce sera l’occasion de découvrir une autre famille angevine de notables porteur du patronyme Chevallier.    Faire lien vers Jacques Chevallier d'Angers et Cheffes cité dans les banquiers angevins   

 Administrateur du clergé parisien et député général du clergé de France

A partir du 29 octobre 1555, Pierre Mariau est mandaté à l’assemblée générale du chapitre de Paris, fonction administrative et financière qu’il cumule avec ses fonctions religieuses mentionnées à la suite. Nommé l’un des deux syndics, de cette assemblée parisienne, l’autre étant le doyen René Pichon abbé de Morelles, il soutient en 1558 la demande du roi d’un prêt de 100.000 Livres afin de soutenir la rente sur le grenier et domaine de la Ville de Paris. C’est la première phase des prêts du clergé à la ville de Paris.

Puis en sa qualité de syndic du clergé de France constitué en 1560, avant le colloque de Poissy de 1561 qui fixera le protocole entre le roi et l’Eglise, Pierre Mariau sera membre du bureau de la ville de Paris et versera à ce titre le montant de la recette annuelle pour les pauvres des hôpitaux de Paris (Collection de documents pour l'histoire des hôpitaux de Paris, parchemin 97ème registre, 395ème feuillets) et votera la désignation de François de Vigny le jeune comme receveur général du clergé.

La seconde phase des prêts se déroulera le 22 novembre 1567 à Paris. Pierre Mariau siégera car l’un des cinq syndics et délégués du clergé mandaté par les diocèses de France réunis sous la présidence du conseiller du roi Antoine Du Prat, seigneur de Nantouillet, Précy et Rozay-en-Brie, afin de constituer 630.000 Livres de rentes aux prévôts des marchands et échevins de la ville de Paris [8]. Après quelques années, la situation se tendra entre le clergé et la ville de Paris qui, à la suite d’une réunion tenue le 19 décembre 1573, remplacera les receveurs du clergé par des agents municipaux. Afin de marquer leur réprobations, Pierre Mariau et son collègue Pierre Dreux archidiacre de Jouy-en-Josas démissionnèrent le 26 juin 1577 du bureau de la ville de Paris [9].

Ces péripéties traduisaient la lutte d’influence entre l’administration royale et celle du clergé, accentuée en 1578 par la demande du roi Henri III de prêts supplémentaires (Journal de Henri III, roi de France et de Pologne volume 1 page 256). En définitive, le 16 juin 1579 à Melun lors de l’assemblée générale du clergé de France, Pierre Mariau, député général, vote avec la majorité pour la suppression des syndics généraux du clergé dont il avait été membre.

Il ne pouvait faire autrement que d’accepter car prévôt de Vertou et chanoine de Notre-Dame de Paris, Pierre Mariau avait fait serment de fidélité au roi en 1577 [10]Désormais, le roi contrôlait totalement et financièrement l’Eglise de son royaume, avec l’aval du Pape.

L’année 1577 marque la fin de la vie administrative de Pierre Mariau au service du clergé. Désormais, il se consacrera à son village de Cheffes-sur-Sarthe dont il était à la fois curé et prieur bénédictin. On croit savoir que c’est lui qui fit peindre en l’église du prieuré de Cheffes le blason d'argent à une oie de gueule [11] . Par contre ce ne serait pas le blason de sa famille car les Mariau d’Anjou auraient porté comme meuble un besan dans leurs armoiries.

On peut s’étonner de la place dans cette étude de Pierre Mariau, administrateur du clergé de France. D’une part, c’est qu’au cours de ses fonctions, il aurait participé aux négociations avec Robert II de Lenoncourt, comte-évêque de Metz de 1551 à 1555, ville annexé par le roi Henri II pour constituer les rois évêchés pris à l’empereur Charles Quint, puis nommé archevêque d'Embrun (1556-1560) et enfin évêque d’Auxerre. Au terme de ces négociations, Robert de Lenoncourt résigna aussitôt cet évêché en faveur de son neveu Philippe de Lenoncourt (1527-1592) fils d’Henri II, l’un des courtisans d'Antoine de Bourbon duc de Vendôme et roi de Navarre. Robert de Lenoncourt mourut archevêque d'Arles le 2 février 1561 à la Charité-sur-Loire. Avec lui et son neveu Philippe, nous retrouvons Madelon Hunault de la Thibaudière associé de fait à Jacques II Fouyn ami, collègue et chanoine cumulateur comme l’était Pierre Mariau dont la carrière religieuse suit.

La carrière religieuse de Pierre Mariau

Pierre Mariau apparait comme moine bénédictin dès 1538 à Vaudelnay-Rillé (49) puis se consacre à l’administration diocésaine d’Angers, puis à Paris avant d’être délégué du clergé de France, comme exposée ci-dessus. Il a d’ailleurs été récompensé de son travail car dès 1564, il était chanoine prébendé du Mans et chanoine de Paris. Il reviendra en Mayenne officiellement le 3 juillet 1559 en tant que clerc de la chapelle du roi et curé de Grez-en-Bouère près de Château-Gontier (53). Il est déjà chanoine prébendé du Mans et chanoine de Paris. (Abbé Angot, tome 1 » la Mayenne »). A partir de cette époque et sans abandonner la gestion administrative de l’Eglise, Pierre Mariau se consacre à ses bénéfices apostoliques, notamment à propos de la collation de la cure de la Chapelle-Huon (Sarthe), puis de 1559 à 1565 en tant que prieur claustral de Notre-Dame-du-Port-du-Salut, paroisse d’Entrammes , sur les bords au bord de la Mayenne ainsi que d’abbé commendataire de Saint-Jean-en-Vallée du diocèse de Chartres.

A ces fonctions s’ajoutent en 1574 le priorat de Cossé-le-Vivien (Mayenne) puis le 13 février 1576 celui de Grez-en-Bouère où il succède à son ami et collègue Jacques II Fouyn et qu’il conservera jusqu’en 1580. Il est alors abbé commendataire de Saint-Serge et Saint-Bacchus d’Angers depuis 1571, qu’il conservera jusqu’en 1576. C’est son ami Jacques II Fouyn qui lui succèdera mais cette succession fera plus tard objet d’un procès car Jacques II Fouyn transmit sa fonction à son neveu René Fouyn, chantre de ladite abbaye, curé de Morannes et chanoine de Saint-Maurice d’Angers. Malgré la contestation et comme son oncle et Pierre Mariau, René Fouyn, prieur de Saint-Martin de Beaupréau d’Anjou deviendra chanoine de Notre-Dame de Paris.   

D’autre part, Pierre Mariau était prévôt en 1577 de l'abbaye bretonne Saint-Martin de Vertou et du temporel de celle de Saint-Jouin-de-Marnes qu’il conservera jusqu’en 1579 [12].

Ce chantre Pierre Breslay

Il était financièrement aisé et soutenait financièrement son ami Pierre Breslay (1553-1583), prieur de Chemillé et Cossé et chantre de Saint-Maurice d'Angers. Auteur du livre « Anthologie de plusieurs discours notables tirés de divers bons auteurs grecs et latins », imprimé à Paris, chez Jean Poupery, en 1574, Pierre Breslay dédia son œuvre à Pierre Mariau qu’il appelait son mécène. Il mourut de la peste à Angers, alors qu’il était secrétaire du concile de Toul. C’est l’un des rare personnage de l’époque dont le portait figure ci-contre.    

Le chanoine Pierre Mariau décédera à Paris au mois de mai 1582. Il sera inhumé dans la cathédrale Notre-Dame de Paris [13] au-dessus de la grande sacristie, dans l’ile à droite du cœur de l’édifice.  

§§§

 

[1] On ignore s’il est parent de Jean de Marconnay (1540-1584) praticien à Paris, époux d’Espérance Chevalier fille de Jacques et Marie Bourgeois, soeur de Jean Chevalier branche de Presles-en-Brie déjà citée.

[2] Elle s’associe à l’introduction de la requête lors de l’inventaire au décès de feu Constantin Chevalier de 1607 (ET/LXXXVII/107) en tant que veuve es qualité de feu Guillaume Dumont. La mention est en marge du 13ème feuillet

[3] Les localités du Maine-et-Loire relevant de cette abbaye étaient Andrezé, Baracé, Beaupréau, Beauvau, Briollay Brissarthe, Chalonnes-sur-Loire Chaumont-d‘Anjou, Cheffes-sur-Sarthe, Durtal, Grez-Neuville, Gué-Deniau, Huilé, Le Plessis-Macé, Le Vieil-Baugé, Lézigné, Loiré, Morannes Rochefort-sur-Loire, Saint-Melaine-sur-Aubance et Savennières. Auxquelles s’ajoutaient Bazouges-sur-le-Loir et Clermont-Créans (Sarthe).

[4] Jacqueline Vons, Pauline Saint-Martin, Vie et mort de Marie-Elisabeth de France (1572-1578), fille de Charles IX et Elisabeth d’Autriche, Paris, Cour de France.fr, 2010. Article inédit publié en ligne le 3 mai 2010 dans le cadre du projet de recherche "La Médecine à la cour de France".

[5] Sa fonction de maître des requêtes et aumônier ordinaire du duc d’Anjou, est précisée dans deux transports de créances en sa faveur passé le 8 juillet 1579 (MC//ET/VI/118) puis le 22 février 1581 devant Philippe Cothereau, notaire au Châtelet de Paris (ET/MC/VI/121) pour des rentes assises sur Valenton, Limeil et la Grange du Milieu à Yerres.

[6] Insinuation du Châtelet Y 127, Notice n° 5811 fol. 112 du 23 septembre 1585.

[7] Bénigne Le Clerc, fils de François Leclerc, baron de la Forêt-le-Roi et de Jeanne Dauvet , petit-fils de  Jean III Le Clerc de Fleurigny  et de Claude de Pisseleu. Il sera seigneur de Villiers-sur-Saux  et de Villebon-sur-Yvette , Pommereux (Normandie) baron de Givry et enfin conseiller et aumônier ordinaire du Roi.

[8] Actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France Titre III, page 69

[9] Collection des procès-verbaux des assemblées générales du Clergé de France depuis 1560. Paris, Rocolet, in-fol., tome I, 1767, p. 138-141

[10] Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne Volume 2.

[11] Armorial de l'Anjou, fascicule 11 page 346 et " Sculpture du XVIIème siècle à Bel-Air" , histoire de Sablé tome II, p.109.

[12] A.D Loire Atlantique, Chambre des comptes de Bretagne, série B 855

[13] Epitaphier du vieux Paris, volume 10 n° 4667.


 Cette page est au centre de la nébuleuse du patronyme Chevallier ou Chevalier contemporaine des guerres de religion entre Maine Anjou et région parisienne. 

 

Date de dernière mise à jour : 24/12/2021

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