Essais sur Martine

Martine de Saint-Renom

Les quatre époux de Martine de Saint-Renon

C'est par l'entremise de cette personne que nous entrons dans le monde des notaires parisiens et de son second mari notaire spécialiste du Bureau des privilèges apostoliques de l'Université de Paris. En suivant sa brève biographie, nous ferons connaissance du procureur Jacques Chevalier, seigneur du fief de la Fonderie à Presles-en-Brie (77). 

Son premier mariage

Martine de Saint-Renon (1503-1562), dont nous ignorons encore la filiation, épousa en première noce vers 1518 l’avocat parisien Nicolas Crozon (1489-1525) fils de Jean Crozon notaire au Châtelet de Paris depuis 1498 de l’étude XXIII et d’Antoinette Lesage. La famille était alors domiciliée Grande rue Saint-Jacques à Paris, à l’enseigne « les quatre éléments ».

Le jeune couple Nicolas Crozon s’était fixé en bordure nord de la commanderie de Saint-Jean de Latran, rue des Noyers à Paris, où il possédait par héritage paternel une maison à l’enseigne de Saint-Christophe.

C’est dans cette maison que le mari Nicolas mourut et que son inventaire au décès daté du 22 août 1525 [2] révèle que le couple possédait une seconde maison à Montlhéry ainsi que le moulin à eau de la Roue d’en Bas à Linas, loué aux Hospitaliers de Jérusalem.

Les exécuteurs testamentaires du défunt étaient son père et le frère du défunt, Pierre Crozon (1485-1533) époux d’Antoinette Hamelin (1505-1566), tous deux établis notaires au Châtelet.

Outre l’aîné de la fratrie le défunt Nicolas Crozon, cette famille comprenait également le notaire au Châtelet François Crozon (1490-1560) époux d’Etiennette Desvault (1493-1587) et Marie Crozon (1487- ?) épouse en première noce du notaire au Châtelet François de Louvain puis en seconde de Jean Malingre fils de Nicolas huissier à la Chambre des comptes. Domicilié Place Maubert à Paris, à l’image de Saint-François, Jean Malingre était clerc, greffier puis procureur à la Chambre des comptes et propriétaire d’une ferme à Moiselles (95). Avec son beau-fils Nicolas de Louvain, ils vendent 150 Livres Tournois de rentes gagées sur 6 maisons à Paris à Antoine Guibert notaire de la Conservation des privilèges apostoliques et scribe de l'Université de Paris.

La succession de Nicolas Crozon se fit sans difficultés, la veuve et ses deux enfants se partageant la maison de Paris. Le moulin revint à Martine de Saint-Renon et s’appellera désormais le moulin des Saint-Renon.

Les enfants du couple Nicolas Crozon et Martine de Saint-Renon étaient : 

  • Raoul Crozon, huissier à la cour des Aydes, époux probablement en seconde noces le 12 mai 1560 avec Françoise Lebel, fille de Nicolas receveur de Montfort l’Amaury et de Françoise Delaruelle.
  • Anne Crozon mariée le 26 mai 1538 avec le procureur au Châtelet Guillaume Coste.

        A noter que Catherine Hamelin dont l’époux Pierre Crozon décéda en 1533, se remariera vers 1536 avec le notaire Yves Bourgeois (1509-1556) qui prendra la succession de l’étude tenue par ses prédécesseurs de la famille Crozon. Ce nouveau couple aura au moins deux enfants:

  • Nicolas Bourgeois greffier à la Cour de Sisteron (04) en 1573
  • Marie Bourgeois épouse d’Hélie Andrieu, pédagogue à l’Université, décédé vers 1565. Elle se remariera avec Nicolas Profict, notaire et procureur en cour ecclésiastique.

Le second mariage de Martine de Saint-Renon.

Désormais veuve, Martine de Saint-Renon se remariera en seconde noces vers 1527 avec Jean Dugué (1490-1534) dont la filiation est encore ignorée. Il pourrait être frère de l’apothicaire parisien Nicolas Dugué mais l’hypothèse n’est confirmée par aucun acte. En tout cas, Jean Dugué est un personnage discret, procureur d’églises et l'un des premiers notaires du Bureau de la conservation des privilèges apostoliques de l’Université de Paris créé en 1522 . On ignore quels étaient ses biens propres mais l’on sait que son épouse apporta dans la corbeille de mariage le moulin de Linas près de Montlhéry hérité de feu l’avocat Nicolas Crozon son premier époux.

Le notaire Jean Dugué décéda vers 1534 en un lieu ignoré. Le couple n’avait eu qu’une fille, Jeanne Dugué, née vers 1530 qui épousera le procureur au Parlement Louis Sachot.

Son troisième mariage

La veuve Martine de Saint-Renon épousera en troisième noces vers 1535 le procureur au Parlement Nicolas de Landreby dont nous ignorons pratiquement tout, sinon qu’il était décédé avant le 17 décembre 1540 [3].

Durant ce mariage, Martine avait hérité, comme cité précédemment, de rentes provenant de feu Jean Rouveau (1480-1537) propriétaire à Montreuil et Bagnolet, décédé vers 1537. L’origine de ces biens est confuse mais proviendrait d’un accord entre les héritiers Rouveau, Crozon et Hamelin, ayant transité par Jean Bruneau (Brunot), examinateur au Châtelet et caissier des droits établis. Cet héritage transita par le notaire au Châtelet Yves Bourgeois, repreneur de l'étude Crozon après avoir épousé en seconde noces Catherine Hamelin. Veuve du notaire Pierre Crozon l'aîné, cette dernière était donc belle-sœur de Martine de Saint-Renon par son premier mariage avec le puînéNicolas Crozon.

L’origine de cet héritage serait deux rentes émises en 1520 au bénéfice de Jean Rouveau par Charles Guedon, futur beau-père en quatrième noces de Martine de Saint-Renon. Ces rentes, d'un total de 100 Livres, avaient été signées par un consortium de paroissiens de Montreuil mené par Jean Mynard le jeune (époux Escarbot, 1er sergent du Bois de Vincennes et occupait la conciergerie du bois en 1497 relevant de Louis Malet de Graville), composé de Philippe de Victry l'aîné, Guillaume Darennes, Gillet Le Larron, Baudet de Victry, Jean Pépin le jeune et Jean Thioust. Ce dernier serait l’époux de Jeanne Rouveau, sœur de Jacques Rouveau, censitaire des Célestins à Pantin, tous deux apparentés à un niveau encore ignoré avec feu Jean Rouveau.

Quant à Charles Guedon (1465-1555) cité supra, il était en 1492 seigneur de Presles-en-Brie (77) et Francqueville (Eure), clerc à la Chambre des Comptes et mari de Jeanne de Bourdenay épousée le 18 juillet 1506 à Paris. Son père serait Jean 1er Guedon (1430-1492) vicomte d’Evreux, avocat clerc à la chambre des comptes, domicilié en 1467 rue Vieille du Temple à Paris et d’Anne Piédefer.

Il serait apparenté à Jehan Guedon (1410-1465), chargé de la Haute Justice du Saint-Esprit et vicomte d'Evreux (1444-1460), seigneur de Francqueville (Eure) et époux de Marguerite de Pevrel.

Le quatrième et dernier mariage de Martine de Saint-Renon

Enfin vers 1540 et pour la dernière fois, Martine de Saint-Renon épousera en quatrième noces l’avocat à la cour du Parlement Nicolas Guedon (1515-1562) fils de Charles cité supra et principal héritier de son père. Le couple s’installera rue des Noyers à Paris, dans la maison héritée de Nicolas Crozon, premier époux de Martine de Saint-Renon.

Nicolas Guedon le mari était seigneur usufruitier de Presles-en-Brie, géré sous le contrôle du Bureau de la Conservation des privilèges apostolique de l’Université de Paris alors que Martine son épouse était propriétaire du fief et de la ferme de la Fonderie, également à Presles qu’elle avait acquises vers 1543 de Jacques Chevalier (1500-1569) procureur au Parlement, époux de Marie Bourgeois [4], fille de Pierre (1480-1512) avocat et conseiller à Châteaudun, seigneur de Touchaillon (Eure-et-Loir) et Françoise Aulde.

Cette ferme de 80 arpents avec bâtiment sera ensuite acquise par Gilles Rozée procureur au Parlement second époux de Catherine Bourgeois veuve de Jean Philbert (1515-1573) et sœur de Marie, donc belle-sœur de Jacques Chevalier. 

Ainsi, le seigneur usufruitier de Presles-en-Brie était Nicolas Guedon, mais sa femme était seulement dame du fief et de la ferme de la Fonderie. Tous ces biens relevaient de la gestion des privilèges apostoliques, à ne pas confondre avec la seigneurie de Presles-en-Brie relevant directement du roi dont le seigneur était alors Antoine 1er de Nicolaï (1526-1587) fils d’Aymar et d’Anne de Baillet, dame de Goussainville, conseiller du roi au conseil d’Etat et à celui de la Reine puis 1er Président à la Chambre des Comptes. Juridiquement, la seigneurie usufruitière relevait du droit canon et la seconde de la justice royale. 

Perspectives de recherches. 

La belle-sœur de Martine de Saint-Renon, Marie Crozon, épouse du notaire parisien François de Louvain, pourrait être apparentée par ce dernier à la famille picarde du vicomte de Berzy-le-sec (Aisne) Pierre de Louvain. Dans ce cas, Hélène de Louvain, femme de l’avocat François Lalouette, neveu de Robert Moreau seigneur de Bondoufle en 1595 seraient des vassaux du prince de Sedan Robert IV de La Marck [5]. Nous en reparlerons plus tard.  

§§§

Le prochain chapitre sera consacré à la famille de Mathieu Chevalier dite rameau de Presles (77) apparue avec Martine de Saint-Renon. 


[1] Le bureau des privilèges apostoliques se distingue de son homologue des privilèges royaux de l’Université de Paris dont le conservateur est de droit le prévôt de Paris sous la responsabilité du pouvoir exécutif du Chancelier du roi. Il sera éphémère et finira intégré dans le tribunal du Châtelet. 

[2] A.N.MC/ET/CXXII/300 du 22 août 1525

[3] A.N. MC/ET/XXXIII/24

[4] A.N. MC/ET/C/97 Anné 1577 page n° 247

[5] AD Aube - série 8J - Archives du Château de la Cordelière, cote 20 AA 108 parchemin du 26 novembre 1594). Adjudication des 1/8 et 1/20 de Saint-Martin-ès-Vignes par Troyes (Aube) à Pierre Chomel commis de l'Extraordinaire de la Guerre pour le compte de Robert Moreau, seigneur de Bondoufle (91).


 

 

 

Date de dernière mise à jour : 25/04/2021

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