Yerres-le-Chastel, deux siècles aux mains  des Budé

 

Afin de ne pas se perdre avec les comtes de Corbeil qui furent dès le début de la féodalité les suzerains d'Yerres (Essonne), nous commençerons ce survol historique lors du règne de Charles V dit Le Sage qui marque la fin de la première partie de la guerre de Cent-Ans et laissa à sa mort un royaume prospère. 

Le marmousset Bureau de la Rivière seigneur d’Yerres.

 

En 1389, Charles, dit Bureau III de la Rivière [1] premier chambellan, conseiller et ami du roi Charles V le sage (1364-1380), déjà possesseur d’un vaste domaine foncier essentiellement situé en Bourgogne [2] , acquiert par privilège royal et saisie la moitié de la seigneurie d’Yerres-le-Chastel (Essonne) venant de Jean IV de Courtenay. Il en rend hommage au roi le 23 juin 1389.  Cette acquisition complète ses seigneuries franciliennes qui comptaient déjà la châtellenie de Gournay-sur-Marne (93), Saint-Mandé (94), Liverdy-en-Brie (77) Fleuris-Mérogis et enfin Etioles (91).

Après la mort du roi en 1380, Bureau de la Rivière reste chambellan et conseiller de son fils le jeune roi Charles VI mais se heurte en 1382 aux ducs de Bourgogne et de Berry, oncles du roi qui assument la régence jusqu’à la majorité du roi. A sa majorité en 1388, le roi, informé par ses deux principaux conseillers Bureau de la Rivière et Olivier de Clisson, écarte ses oncles du pouvoir et récompense ses proches. Mais en 1392, les premières crises de folie qui font surnommer le roi Charles VI le fol ont pour conséquences de ramener les deux oncles au pouvoir, notamment le duc de Bourgogne auquel Bureau de la Rivière refuse de rendre hommage. Ils en profiterons pour emprisonner pour  6 mois les cinq conseillers du roi, appelés péjorativement les « marmousets » alors synonymes de petits singes [3] et de saisir leurs biens. Les nombreux biens de Bureau de la Rivière lui seront rendus ultérieurement mais il ne reviendra pas à la cour de France. Il décéda le 16 août 1400 et fut l’exécuteur testamentaire du roi Charles V qui le fit inhumer à ses pieds, comme prévu dans le testament rédigé à la demande du monarque en 1374.

A noter que depuis 1325 et jusqu’en 1410, Corbeil et Yerres ferons partie de l’apanage du douaire de la reine Jeanne d'Evreux veuve du roi Charles IV Le Bel (1294-1328) et dame de Brie-Comte-Robert (77), laquelle en percevra l’usufruit jusqu’à sa mort.

A la mort de son père, Jeanne de La Rivière sa fille hérite de cette moitié de seigneurie qu’elle apporte en dot en se mariant vers 1392 à Beauval en Picardie (Somme) avec le futur Amiral de France (1405-1413) Jacques 1er de Chatillon, dit de Dampierre (1365-1415) tué contre les Anglais lors de la bataille d’Azincourt. De cette union naîtrons quatre enfants qui sont :

-Jacques II de Chatillon Porcien dit Dampierre (1400-1450), Grand Panetier de France (1432-1439)

- Wallerand de Chatillon dit Dampierre (1406-1473), seigneur de Dampierre et Beauval, époux de Jeanne de Saveuse en Picardie (Somme)

-Louis de Chatillon (1410-1460) seigneur d’Yerres de 1445 à 1452

-Isabeau de Chatillon (1407-1445) dame en partie d’Yerres, mariée vers 1435 avec Jean IV de Courtenay (1410-1472), baron de Saint-Brisson, seigneur de la branche de Champignelles, La succession des parents fut difficile car Isabeau de Chatillon et son frère Louis se disputèrent l’héritage de la seigneurie d’Yerres revendiquée par Isabeau pour moitié et la totalité par Louis son frère.

Réunification de la châtellenie d'Yerres

Finalement, les deux héritiers s’accordent et Louis de Chatillon rendit hommage au roi Charles VII le 9 mars 1444 pour la totalité de la seigneurie dont il a réuni les deux parties. Il vendra Yerres en totalité le 2 mars 1452 pour la somme respectable de 800 écus d’or à un officier de robe proche du roi, l’audiencier de la Chancellerie royale Dreux 1er Budé. Sa sœur Isabeau de Chatillon décéda vers 1446 et son mari Jean IV de Courtenay épousa en seconde noces Marguerite David de Longueval puis Jeanne de La Brosse. Il dilapida ses biens et fut l’un des derniers Courtenay dit royaux, surnommé par  dérision, Jean Sans Terre.

Mais si la châtellenie royale d'Yerres-le-Chastel tenue par Dreux 1er Budé relève du roi et du comté de Corbeil, une partie du domaine comprenant la"Grange du Milieu" relève féodalement du Chapitre Notre-Dame de Paris depuis le XIème siècle. Ce sera l'objet en leur temps de procès   

Avec ces seigneurs d’Yerres se termine la période de la guerre de Cent-ans et pratiquement la fin de la féodalité du Moyen-âge.

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La seigneurie d’Yerres, dotée d’un premier château dès la XII ème siècle atteste de son importance dès le Moyen-Age et de sa proximité avec la couronne de France. Le célèbre philosophe et helléniste Guillaume Budé (1467-1540) à l'origine de la création de la Bibliothèque nationale et du Collège de France, lui appartenait. Personnage célèbre, sa généalogie a fait objet de nombreuses publications ou travaux de vulgarisations [1].

Ces Budé eurent une nombreuse postérité, parfois 12 enfants pour certains couples. Il en résultat une dispersion et une paupérisation pour certains rameaux Il n’est donc pas question de présenter ici une généalogie exhaustive mais uniquement celle de la branche aînée qui conservera la châtellenie d'Yerres pendant deux cents années consécutives.     

Le règne des Budé seigneur d’Yerres pendant deux siècles.

 Château seigneurial d'Yerres (Essonnes) dit "château des Budé

 

Pour mémoire, rappelons que les trois premières générations d’une dynastie de bourgeois enrichis au service du roi   débutent avec Jean 1er Budé (1345-1439), notaire et secrétaire du roi Charles V, suivi par son fils Jean 1er Budé (1376-   1439) contrôleur des audiences royales anobli en 1399 lui-même père de Dreux 1er Budé (1400-1476). C’est en faveur   de ce dernier que Charles VII roi de 1422 à 1461 a engagé sa châtellenie et seigneurie haute-justicière d’Yerres en   1452. Alors prévôt des marchands de Paris de 1452 à 1454, Dreux 1er Budé est un officier de robe d’importance car il   côtoie le roi en   permanence. La châtellenie d'Yerres avec ses fiefs mouvants est l'élément principal de son patrimoine foncier.

 

 

 

Tableau des membres de la famille Budé à la 3ème générations descendantes successivement seigneurs d’Yerres.

Dates

 

conjoints

Autres seigneuries

1452-1476

Dreux 1er Budé - 3 enfants

x Jeanne Peschard

Bondoufle, Grigny (91), Montreuil (93) Mandres (94)

1476-1502

Jean II Budé -12 enfants dont Guillaume Budé le Philosophe (1467-1540)

x Jeanne Le Picart

Villiers-sur-Marne (94), Bagnault  (28), Bois-le-Vicomte (77) Marly (78) Brégy (60) à sa femme.

1503-1528

Dreux II Budé, dit Drouet- 7 enfants

x Guillemette de Thumery

Villiers-sur-Marne, Bagnault (28) Petit-Drancy (93) Montgeron (91)

1528-1547

Jean IV Budé – 3 enfants

x Jacqueline Bailly

Bondoufle (91) Grand-Ozereau (45) Conflans-l’Archevêque (94)

1548-1588

Dreux III Budé – 7 enfants

x Marie Jeanne Brachet

Bagnault (28)

1589-1607

Eustache Budé – 3 enfants

x Florette de Bussy Anne

Villiers-sur-Marne (94), Fleury-les-Meudon (92)

1607-1628

Isabelle Budé -

x Pasquier Florent 1er

Vert-le-Grand (91)

 

La seigneurie d’Yerres après la famille Budé.

La seigneurie d’Yerres va être acquise avec l’aval du roi et entre 1616 et 1620 par Charles de Valois duc d’Angoulême (1573-1650) époux de Charlotte de Montmorency qui l’achètent à Isabelle Budé et Florent Pasquier descendant de Marc de Faultray époux de Charlotte Budé fille d’Eustache Budé et d’Anne Florette de Bussy.

Ce duc, fils naturel du roi Charles IX et de sa maîtresse Marie Touchet, est le favori de son oncle le roi de Pologne Henri III (1551-1589) puis de France de 1574 à 1589, dernier de la dynastie valoisienne. Son but était de réunir Yerres au château de Grosbois construit en 1597qu’il avait acquis en 1623 de Charles de Sancy. Ce projet ne put aboutir et son fils Louis Emmanuel d’Angoulême (1596-1657) également comte d'Auvergne et d'Alais ne pourra financer le projet, pas plus que sa fille Françoise Marie d’Angoulême (1631-1696), qui vendit sa part de Grosbois le 5 février 1676  à Antoine de Brouilly de Piennes.

Le seigneur d’Yerres suivant fut Rollin Burin, conseiller, maître d’hôtel et secrétaire du roi et de ses Finances à compter du 11 septembre 1654, contrôleur général des Postes de Paris, Normandie et Bretagne. Pourvu de l’office de grand audiencier de France le 29 novembre 1658, il se prétendait châtelain de Bezons, seigneur de la Grange du Milieu, d’Yerres, de Brunoy et bienfaiteur de la congrégation des Camaldules de France, implantée à Yerres et Grosbois. Le 18 mai 1640, il épousait Louise Massieu, l’une des « précieuses de l’époque qui par protection avait obtenu les honneurs de la Cour. Le couple habitait rue de la Bourdonnais à Paris. Le mari avait mauvaise réputation car il avait engagé plusieurs procès avec l’Université pendant la période des troubles de la Fronde (1648-1653) à propos de la Grange-du-Milieu et autres biens relevant du Bureau des privilèges apostoliques.

Une rente viagère à l’ordre de Citeau

En 1660, Rollin Burin et son épouse firent donation d’une rente viagère de 400 Livres le 2 octobre 1660 [2] à Marguerite Madeleine de Villechelle, religieuse à l’abbaye Notre-Dame-de-Biaches (Pas-de-Calais) de l’ordre de Cîteaux. Non identifiée, cette religieuse était sous l’autorité de l’abbesse du lieu Renée de Machaut [3]. Mais Rollin Burin décéda en 1664 si l’on en croit et l’acte de règlement de la tutelle de ses filles Françoise et Marie en date du 20 juin 1664 (AN Y// 3953B) et ne put honorer ses engagements.

Si l’on considère l’attribution de cette rente viagère sans motif connu, il se pourrait que Marguerite Madeleine de Villechelle soit une bienfaitrice de l’abbaye Notre-Dame d’Yerres.  

Au-delà de cette époque, la situation est floue à Yerres entre 1664 et 1703 en ce qui concerne la seigneurie probablement vendue par licitation. 

Reprise d'Yerres par la famille de Harlay.

Il faudra attendre les 15 mars et 12 juillet 1704 pour que la seigneurie d’Yerres revienne à Achille III de Harlay (1639-1712), comte de Beaumont et 1er Président du Parlement. Il l’avait acquise avec son château et ses dépendances pour 34.382 livres complété par 44.000 livres de bois taillis à Yerres. Son épouse était Anne Madeleine de Lamoignon. Il acquit ensuite la Grange-du-Milieu afin de détenir la plus grande partie d’Yerres.

Après lui viendrons divers propriétaires qui considérerons Yerres comme une annexe de Grosbois à Boissy-Saint-Léger (94) tenu à partir de 1731 par Germain-Louis Chauvelin, marquis de Grosbois, Ministre de Louis XV, disgracié en 1737, mort en 1762.

 

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Le fief apostolique de la Grange-du-Milieu et l’Université de Paris.

Le fief dit de la Grange-du-Milieu situé sur la paroisse d’Yerres est distinct juridiquement de la seigneurie et châtellenie d’Yerres acquise en 1452 par Dreux 1er Budé avec ses fiefs mouvants, ensemble qui relèvent du pouvoir royal. En effet, ce fief de la Grange-du-Milieu, est à l'origine un fief religieux relevant du Chapitre cathédral de Paris, géré paritairement avec l’administration royal du Bureau des privilèges apostoliques de l’Université de Paris, relevant du Président du Parlement de Paris.

Cette situation remonte aux temps féodaux où la vallée d’Yerres, partie intégrante de la forêt de Sénart avait été donnée à l’Eglise par les rois mérovingiens pour défrichement et mises en valeur des terres essartées. Le terme Grange-du-Milieu apparait en 1390 avec celui du massif forestier d’Ardenay [5] à l’époque où Bureau de la Rivière rend hommage au roi pour la moitié de la seigneurie d’Yerres.

Puis le silence retombe sur cette grange qui se situe au nord de la ferme des Godeaux [6]  propriété louée à partir de 1454 par baux emphytéotiques de longue durée par Jeanne Allegrain [4] l’abbesse de Notre-Dame d’Yerres avec son moulin de Mazière et une partie de l’enclos de son couvent. Ce sont les terres données par Eustachie la vicomtesse de Corbeil citée supra.

Ces locations seront à l’origine de dissensions et contestations, notamment à propos de la seigneurie de la Grange-du-Milieu, tenue par divers tenanciers gérés paritairement par le Bureau des privilèges apostoliques de l’Université de Paris, structure spécifique de l’administration royale.

La composition de la Grange-du-Milieu

Construite à l’origine par plusieurs institutions religieuses, la seigneurie de la Grange du Milieu était une ferme métairie avec plusieurs bâtiments et appartint à une date non précisée à Jean IV Budé d’Yerres notaire et trésorier des Chartes du roi, seigneur de Bagnault, d’Yerres et Bondoufle époux de Jacqueline Bailly dame en 1548 de Conflans l’Archevêque (94), l’un des fiefs de la châtellenie d’Yerres [4]. Elle se serait remarié en 1551 avec Jean Aude trésorier et garde des chartes du roi, devenu seigneur d’Yerres par sa femme.

Des protestants et catholiques seigneurs temporaires de la Grange-du-Milieu

Les plus influents membres de la bourgeoisie parisienne, qu’ils soient de robe courtes ou longues s’alliaient ou bien se disputait les rentes et terres religieuses aliénées ou mises en vente pour renflouer les finances royales et permettre le développement de l’Université. En fait, se mettait en place sous le manteau la division philosophique entre catholiques et protestants.

Cette dualité juridique entre terre du roi ou terre de droit canon n’avait pas soulevé de difficultés avant la guerre de Cent-Ans, mais il n’en fut pas de mêmes avec les réformes du règne de François 1er (1494-1547), notamment le Concordat de 1516 qui mis sur le marché une partie des terres religieuses, modifié la société et accentué l’essor de la bourgeoisie vers la Réforme sociétale. Les membres de la famille Budé d’Yerres, proches du roi avec leur grand homme le philosophe Guillaume Budé, fondateur du collège de France et ses cousins par alliance de la famille Chevalier faisaient comme toute la société  d'alors et s'organisait par affinité sociale et clan politique. 

C'était en quelque sorte la période préparatoire aux guerres de religion que sentait venir l’administration monarchiques dirigée  par le Chancelier du roi pour l’exécutif et le 1er Président du Parlement, tous deux ayant droits de regard sur l’Université de Paris, son financement, sa politique et ses nominations.

C’est là que s’affrontaient en sous-main et à fleurets mouchetés, d'une part  le chancelier Antoine Duprat, les financiers et courtisans tels Nicolas de Neufville de Villeroy et d'autre part le bureau des privilèges royaux géré pour l’Eglise et à tour de rôle par les évêques de Beauvais et de Meaux.

Le temps des batisseurs et investisseurs financiers

Après la mort en 1602 du prieur d'Argenteuil Jacques Fouyn qui bénéficia de l'usufruit du domaine dès les années 1570, la Grange-du-Milieu et ses bâtiments furent mis en adjudication et acquis par Louis 1er Duret (1527-1586) conseiller des rois Charles IX et Henri III et de Jeanne Richer. On le disait lecteur du roi, comme Guillaume Budé d’ailleurs. Son fils Charles 1er Duret baron de Chevry (1564-1637), fit construire à partir de 1617, à côté des bâtiments de la métairie de la Grange du Milieu, un château d'apparat avec jardin paysager.

Il était alors en 1633 Président de la Chambre des Comptes, Intendant et contrôleur général des finances du roi. Veuf de Françoise Rémy, il avait épousé en secondes noces Elisabeth Dolu (1580-1610) veuve de Jean de Vienne et fille de François Dolu 1er président de la Chambre des Aydes et de Catherine Le Picart fille de Germain et de Barbe Bouette. (Branche des Picart de Villeron Plateville remontant à Jean Le Picart (1402-1456) Trésorier de France et général des Finances.

Après sa mort survenue vers 1637, les biens et droits de Charles Duret revinrent à sa sœur Catherine, épouse d’Arnould de l’Isle, médecin ordinaire du roi et à son frère Jean (1563-1629), seigneur de Chevry médecin de Catherine de Médicis, époux de Renée Luillier, fille de Nicolas président de la Chambre des Compte. 

La Grange-du-Milieu aurait alors été acquise vers 1640 par Nicolas II  Le Camus, déjà seigneur de Bligny (51) et époux de Marguerite de la Barre , directeur général des Finances et Intendant général des Armées en Italie et Languedoc. Décédé le 26 avril 1637 à Paris, ses biens revinrent à son fils Nicolas III qui suit. Il avait un frère fils cadet Etienne Le Camus, né le 24 novembre 1632, futur évêque de Grenoble.        

Nicolas Le Camus (1625-1715) marié le 30 novembre 1650 à Paris avec Marie Geneviève Larcher. Son père étant décédé le 26 avril 1637, Nicolas hérita des seigneuries de la Grange-du-Milieu et de la Grange de Bligny (91), toutes deux relevant du bureau des privilèges de l’Université de Paris relevant du premier président du Parlement Nicolas Le Camus élu en 1672 à cette fonction. Il avait été auparavant procureur général au Parlement.

Outre la seigneurie de la Grange du Milieu, Nicolas Camus était alors engagiste du comté de Corbeil mais nous n’avons pas la date de cet engagement, probablement à partir de 1705. Après sa mort survenue le 15 mars 1715, son héritier principal fut son fils aîné Nicolas IV Le Camus 1er Président à la Cour des Aides époux d’Elisabeth Langlois dite dame de la Grange-du-Milieu. Par contre, cette grange n’était plus aux mains de la famille Le Camus car elle avait été cédée en 1704 à Achille III de Harlay qui avait également acquis la seigneurie d’Yerres.

La grange-du Milieu devient le château du Maréchal de Saxe.

Vers 1740, le château de la Grange est tenu par le garde du Trésor royal Pierre Nicolas Gaudion (1700-1751), époux de Marie Françoise de Saint-Aurant (Saint-Orant),conseiller au Conseil, direction et finances de la Maison du roi, demeurant à Brunoy. Edifié à partir de 1617en pierres et de briques à plusieurs étages entourés de fossés et pont-levis, le bâtiment n’est pas en très bon état. Moyennant la somme de 150.000 Livres, il fut vendu au maréchal Maurice de SAXE en 1748 [5], complété en 1750 par le droit de détourner les eaux pour les conduire à ses fossés. A cette époque, les revenus du domaine étaient faibles et atteignaient 700 Livres si l’on en croit les nouvelles de l’époque. [6]

D’autres acquisitions ajoutèrent au domaine qui comptait plusieurs fiefs dans son ressort. Le château fut restauré et les jardins dessinés avec un nouveau plan, la nouvelle dépense atteignit 20.000 Livres. Mais le Maréchal décéda en 1750 et le domaine repris entre 1755 et 1762 par le secrétaire du roi Jacques Ramon. 


[1] Né vers 1339 probablement à Nevers, fils de Jean chambellan du roi et d’Isabeau Angerant, Bureau de la Rivière se maria vers 1360 avec Marguerite d’Auneau (1344-1429) dame d’Auneau et de Rochefort. Bureau aurait été baron de la Luthumière (50) en Normandie qu'il céda en 1400 à Jean Piquet général des Finances de Normandie et capitaine des châteaux de Valogne et de Cherbourg. De son union, Bureau de la Rivière aura 5 enfants dont 2 garçons. L’aîné Charles de la Rivière (1364-1432) fut comte de Dammartin-en-Goële par sa femme Blanche de Trie fille du comte Charles de Trie et de Jeanne d’Amboise.   

[2] 55 arrière-fiefs uniquement dans l’Yonne, mouvants de Louis de Noyers, comte de Joigny, dénombrés le 22/08/1394 : Aillant et Villiers-sur-Tholon (Auxerrois), La Ferté-Loupière, Saint-Maurice-sur-Aveyron (10/1378), Cézy, Saint-Aubin-sur-Yonne, La Celle-Saint-Cyr, Chassy, Champvallon et Saint-Maurice-Thizouaille relevant de Jeanne d’Artois, veuve de Simon de Thouars.

[3] Outre Bureau de la Rivière, ils s’agissaient de Jean de Montagu, trésorier de France, Olivier V de Clisson, connétable de France, Jean Le Mercier, Grand maître de France, et enfin Pierre le Bègue de Villaines.

[4] Jeanne Allegrain (1488-1513), 26ème abbesse de Notre-Dame d’Yerres, fille de Guillaume et Elisabeth Bony, elle sera remplacée à sa mort par sa sœur Guillemette Allegrain, destituée l’année suivante car épouse de Jean Brulart (1466-1519) prévôt des Marchands de Paris de 1514 à 1516. Guillemette sera ensuite abbesse de Malnoue jusqu’en 1520.

[5] De nos jours forêt domaniale de la Grange à Yerres (91) 

[6] Cette ferme proche de l’abbaye fut visité en 1431 par la reine Isabeau de Bavière (1371-1435) épouse du roi Charles VI le Fol (1380-1422). Outre cette ferme des Godeaux, l’abbaye disposait de revenus aux lieux-dits Les Tierces et les Bordes à Yerres ainsi qu’à Brévannes, Corbeil, Vitry, Athis, Lieusaint, Sénart, Plessis-en-Chevrie, Cintreau, Cossigny, Tremblay et Villepinte.

 

Conclusion paradoxale.

La seigneurie d’Yerres relevant du privilège royal revient à Charles de Valois, fils naturel du roi et sa maîtresse alors que la reine Isabelle et épouse régulière a pour douaire la seigneurie apostolique de la Grange du Milieu qu’elle attribue à son secrétaire particulier Madelon Hunault puis à l’aumônier Jacques Fouyn. En fait, comme Yerres, ce domaine était à disposition du roi, ce qui explique les nombreux gardes du Trésor royal cités seigneur, à commencer par les Budé puis Jean Aude second époux de Jacqueline Bailly et enfin Pierre Nicolas Gaudion.

Ci-dessous chronologie approximative des seigneurs d’Yerres après les Courtenay

Chronologie des seigneurs d'Yerres
1396-1400
De la Rivière Charles dit Bureau
x Marguerite d'Auneau
de la Tour d'Yerres
1400-1421
reprise par le roi d'Angleterre
Yerres et autres seigneuries de Corbeil
1401-1443
Jacques de Chatillon Dampierre
x Jeanne de la Rivière
Yerres par sa femme
1444-1451
Louis de Chatillon Dampierre
 vendu 1452 à Dreu Budé
Yerres
1452-1476
Budé Dreu
x Jeanne Peschard
Yerres, Bondoufle, Grigny
1477-1483
Budé jean III
x Catherine Le Picart
Yerres, Bagnaux, Bois-le-Vicomte, Neuilly-sur-Marne
1482-1528
Budé Dreux II
x Guillemette Thumery
Yerres, Petit-Drancy,Villiers-sur-Marne, Bagnaux
1530-1563
Jean IV Budé
x Jacqueline Bailly
Yerres, Bagnault-en-Beauce, Fleury
Douaire reine Elisabeth d'Autriche
1570-1574
1564-1584
Dreux III Budé
x Marie Allegrin
2/3 Yerres
 1585-1592
 Pierre 1er Budé
 x Anne Brachet
 1/3 Yerre
1587-1607
Budé Eustache
x Florette de Bussy
Yerres, Fleury, Villiers-sur-Marne
1593-1605
Budé Pierre II
x Françoise Du Lac
4/6 Yerres
1606-1614
Budé Isabelle
x Florent Pasquier
Yerres en partie
1614-1617
Guillaume Florette, tuteur des mineurs d'Eustache Budé
 X Charlotte Le Charon
Yerres en partie
1618-1619
de Harlay Achille 1er (1536-1619), comte
 X Catherine de Thou
Yerres et Grosbois
1619-1650
Charles de Valois (1573-1650) duc d’Angoulême
x Charlotte de Montmorency
Yerres et  Grosbois
1651-1664
Rolin Burin (1615-1664)
x Louise Massieu
Yerres et Grange du Milieu
1710-1712
de Harlay Achille III (1639-1712)
x Anne Madeleine de Lamoignon
Yerres et Grange du Milieu
1713-1748
ignorés
Yerres et  Grosbois
1749-1783
Germain-Louis Chauvelin (1685-1762) Garde des Sceaux, disgracié.
X Anne Cahouet de Beauvais
Yerres et Grosbois
1784-1789
Monsieur frère du roi (Louis 1755-1824)
futur roi Louis XVIII
Yerres et Grosbois

 

 

[1] On peut consulter utilement à titre de vérifications http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Bude.pdf

[2] Insinuations au Châtelet de Paris Y//197 f° 54

[3] Fille de Charles et de Françoise Lefevre de Caumartin et sœur du docteur en théologie Louis de Machault prieur d’Abbeville, Marie Renée de Machault, fut religieuse à l’hôtel-Dieu de Notre-Dame- de Soissons jusqu’au 25 juillet 1661. Remarquée par ses qualité, elle devint supérieure de l'hôtel-Dieu Notre-Dame de Corbie d’août 1661 à 1664 puis nommée à cette date abbesse de Notre-Dame de Biaches afin de redresser la situation de cette abbaye. On ignore la date de son décès.  (Histoire de l'abbaye royale de N.D. de Soissons, de l'ordre de Saint-Benoit, écrite par un religieux bénédictin de Saint-Maur, Paris, J.-B. Coignard, 1675, p.346).

 

[4] Le terme châtellenie apparaît rarement à Yerres. Mais il y a bien distinctions entre seigneurie et châtellenie. En fait, les droits des Budé sur la châtellenie sont parfois contestés.

[5] MC/ET/XXXI/137 notaire Alexandre Fortier. Cité dans Le Maréchal de Saxe - Les bâtards de rois par Victor de Seilhac

[6] Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV"

Par E. J. F. BARBIER, ,avocat au Parlement de Paris.Tome troisième page 40, publié en 1851, article de novembre 1748.

Date de dernière mise à jour : 13/07/2022

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